Adolphe SAX.. par les déSAXés ! ! !
Par philkikou - 26-11-2013 22:45:24 - 9 commentaires
Gershwin Rhapsody In Blue par landscapehd
Un samedi soir sur la terre je suis allé voir un spectacle intitulé « Mystère Sax » par les « déSAXés »** organisé par et au profit de l'ADAPEI de l'Ardèche.***
J'avais juste retenu que c'était un spectacle musical et burlesque. Dés le début du spectacle j'ai pu comprendre le titre « Mystère Sax » et que ce spectacle allait de façon originale et pleine de trouvailles nous narrer l'histoire d'Adolphe SAX, l'inventeur de multiples instruments de musique à vent, dont le saxophone.
Après ce spectacle que j'ai apprécié, j'ai voulu en savoir plus sur cet inventeur... alors, à mon niveau, et grâce au recherche sur le site de la CITE DE LA MUSIQUE DE PARIS sur internet**** voilà le résultat de mes recherches que je vais vous faire partager.
**** http://mediatheque.cite-musique.fr/mediacomposite/cmdm/CMDM000000300/saxophone_histoire_01.htm
Facteur et inventeur d'instruments, Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax, incarne parfaitement l'esprit d'entreprise du XIXe siècle. Il est l'une des figures les plus marquantes de la facture des instruments à vent de ce siècle.
Portrait de Charles Sax assis,
B. Wagner, E.975.6.7
© Cité de la musique - Photo : Jean-Marc Angles
Né à Dinant (Belgique) en 1814, Adolphe Sax s'initie à la facture instrumentale dès son plus jeune âge auprès de son père, Charles Joseph Sax (1790-1865). Alors qu'Adolphe Sax fait ses premiers pas à Bruxelles, il vient à Paris pour présenter ses instruments à Hector Berlioz et François Antoine Habeneck, chef d'orchestre. Devant un accueil élogieux, notamment celui réservé au saxophone, il s'installe définitivement à Paris en 1842.
Héritier de l'esprit inventif de son père, Adolphe cherche inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en améliore la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il dépose 33 brevets) et révolutionne le monde des instruments à vent.
Il obtient de nombreuses médailles et diplômes aux expositions de l'Industrie française et plus tard aux Expositions universelles, reçoit la légion d'honneur et acquiert le titre de directeur de la musique particulière de l'empereur Napoléon III.
La réorganisation complète des musiques régimentaires et l'adoption par l'armée, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns, saxophones, saxotrombas), placent Sax en position de monopole.
Saxotromba, Adolphe Sax,
Paris, 1860, E.1683
© Cité de la musique - Photo : Thierry Ollivier
Trompette fleur,
Adolphe Sax, E.0934
© Cité de la musique - Photo : Thierry Ollivier
Personnage aux multiples facettes, il est aussi éditeur de musique, rédacteur d'une méthode de saxhorn, professeur de saxophone (il enseigne aux élèves militaires dans les locaux du Conservatoire à partir de 1857), organisateur de concerts, chef de fanfare de l'Opéra.
Sa personnalité hors du commun suscite des jalousies et Adolphe est en butte à de multiples vexations et calomnies. De nombreux procès lui sont intentés ; plusieurs faillites l'affaiblissent, dans une conjoncture défavorable (la Révolution de 1848 et la guerre de 1870). Sax attaque lui-même certains facteurs pour contrefaçon (dont Pierre Louis Gautrot à propos du sarrusophone).
Les fils d'Adolphe Sax continuent d'exploiter pendant quelques temps l'usine paternelle. En 1928, la célèbre Maison Selmer reprend les affaires de la société « Adolphe Sax et Cie ».
Le saxophone est sans conteste l'instrument de musique qui a rendu célèbre dans le monde entier son inventeur, Adolphe Sax. Celui-ci commence ses premières recherches entre 1838 et 1840, sans doute en essayant de perfectionner la clarinette basse.
Pour ne rien divulguer de l'invention dont il déposera le brevet le 21 mars 1846, c'est derrière un rideau qu'elle est présentée en 1841 au jury de l'Exposition de l'industrie belge : le saxophon (ainsi appelé au début) est né.
L'année suivante, à Paris, il présente son instrument à Hector Berlioz qui loue sa sonorité dans le Journal des Débats du 12 juin 1842 : « Elle est de telle nature que je ne connais pas un instrument actuellement en usage qui puisse, sous ce rapport, lui être comparé. C'est plein, moelleux, vibrant, d'une force énorme, et susceptible d'être adouci ». Grâce à cet éloge et à celui de François Antoine Habeneck (chef d'orchestre de l'opéra de Paris), Sax est propulsé dans le monde musical parisien. C'est à Paris, où il établit une fabrique d'instruments de musique en juillet 1843, qu'il va mettre au point la famille complète des saxophones : le sopranino, le soprano, l'alto, le ténor, le baryton, la basse et la contrebasse.
Saxophone ténor, Prestreau, Paris, fin XIXe, E.981.5.3.
Saxophone alto en mi bémol, Adolphe Sax, Paris, fin XIXe, E.1685
© Cité de la musique - Photo : Albert Giordan
Saxophone soprano,
Adolphe Sax, Paris, 1849, E.714
© Cité de la musique - Photo : Thierry Ollivier
Adolphe Sax est l'un des premiers à s'opposer à l'idée que le matériau utilisé joue un rôle primordial dans la sonorité d'un instrument. Il met au premier plan les proportions données à la colonne d'air, donc au tube (surtout au diamètre de la perce et à sa conicité plutôt qu'à la forme de l'enroulement). Cette constatation acoustique fondamentale est à la base de ses travaux et de leur réussite.
Sax retient l'idée du système de production des vibrations de la clarinette qu'il adapte à un instrument en cuivre, au départ de perce parabolique, muni d'un « bec à anche simple dont l'intérieur très évasé va en se rétrécissant à la partie qui vient s'adapter au corps de l'instrument » (brevet du 21 mars 1846).
Clarinette basse, Adolphe Sax, Paris, XIXe, E.1223
Basson, Adolphe Sax, Paris, XIXe, E.1465
© Cité de la musique - Photo : Albert Giordan
Le saxophone est un instrument d'une facture assez complexe et non une simple adaptation d'un bec de clarinette sur un tube de perce conique.
Il appartient à la famille des bois (comme la clarinette) bien qu'il soit fabriqué en alliage souvent nickelé, argenté ou doré.
L'instrument, de perce conique, est composé de trois parties soudées, le corps, la culasse et le pavillon, sur lesquelles viennent se fixer le bocal et le bec, ce dernier supportant l'anche simple. Des clefs (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille) commandent l'ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps. Le doigté du saxophone est une combinaison de ceux de la flûte et de la clarinette.
Après son installation à Paris en 1842, Sax crée une famille de saxophones qu'il divise en deux branches distinctes : les saxophones accordés en mi bémol et en si bémol destinés aux orchestres militaires, et ceux en fa et en do pour intégrer l'orchestre symphonique. Ces derniers déclinent au profit des premiers.
03 Saxophone soprano, Adolphe Sax, Paris, 1849, E.714.
Saxophone ténor en si bémol, Adolphe Sax, Paris, 1854, E.716.
Saxophone baryton en mi bémol, Adolphe Sax, Paris, 1856, E.717.
© Cité de la musique - Photo : Albert Giordan
La famille reste donc composée de sept membres, dont deux ont un corps droit (sopranino et soprano), les autres ayant un pavillon recourbé vers le haut et un bocal coudé :
le sopranino mi bémol : le plus aigu, rarement utilisé et uniquement dans les orchestres d'harmonie. Il a la tessiture de la petite clarinette ;
- le soprano si bémol : il sonne comme une clarinette, une quarte en dessous. Il tient le rôle du premier violon dans le quatuor ;
- le saxophone alto mi bémol : le plus utilisé dans l'orchestre, il sonne une quinte en dessous. Il tient le rôle du second violon dans le quatuor ;
- le saxophone ténor si bémol : une quarte en dessous, il sonne comme une clarinette basse. Il a le rôle de l'alto dans le quatuor ;
- le saxophone baryton mi bémol: il sonne une quinte en dessous ;
- le saxophone basse si bémol : il sonne une quarte plus bas ;
- le saxophone contrebasse mi bémol : il sonne une quinte en dessous. Il est rarement utilisé.
L'engouement de la part des musiciens de jazz pour le saxophone dans les années 1920 et son maintien dans les harmonies et les fanfares incitent d'autres maisons célèbres dans la facture des instruments à vent à se lancer dans sa fabrication.
Musique de la Garde républicaine.
Imprimerie Pellerin, imagerie d'Epinal n°126.
© Paris, Musée national des arts et traditions populaires.
Le cadre européen de sa facture est vite dépassé : les anciennes Maisons Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot, Selmer, Couesnon, déjà présentes à la fin du XIXe siècle, sont concurrencées par des marques nouvelles internationales : Adler, Huller (Allemagne), Yamaha(Japon), travaillent à améliorer les compétences de l'ensemble de la famille des saxophones : leur étendue est augmentée, la justesse est améliorée et leur mécanisme perfectionné. Le saxophone répond désormais aux exigences des musiciens et des compositeurs pour tous les styles de musique.
La présentation au public de produits manufacturés à des fins commerciales connaît au XIXe siècle une évolution sans précédent : une nouvelle ère industrielle célèbre le progrès bienfaiteur. D'abord nationales, les expositions deviennent « universelles » vers le milieu du siècle ; la France en accueille cinq (1855, 1867, 1878, 1889 et 1900). Elles décernent des prix dans toutes les branches de l'industrie et de l'artisanat.
Pour les fabricants et les manufacturiers, c'est un moyen des plus efficaces de faire connaître leurs produits : un public nombreux s'y presse, les journaux s'emparent de l'événement, un rapport officiel rend compte de chaque exposition.
Les instruments de musique occupent une place de choix et la compétition entre facteurs se traduit par la multiplication des inventions, afin de conquérir une part de marché toujours plus importante : en France, au XIXe siècle, plus de 4000 brevets consacrés aux instruments de musique ont été enregistrés. De nouveaux instruments voient le jour : l'accordéon, l'harmonium, le saxophone...
Saxophone basse, Sax (Adolphe Edouard),
Paris, début XXe siècle, E.995.20.1, marque.
© Cité de la musique - Photo : Jean-Marc Anglès
Adolphe Sax expose pour la première fois à Paris des clarinettes, des flûtes, des cors et des bugles perfectionnés, à l'Exposition des produits de l'Industrie française de 1844. Le jury lui décerne une médaille d'argent. C'est en 1849, à Paris, qu'il présente au public ses familles nouvelles de saxotrombas et saxhorns. Il obtient la médaille d'or. Il participe également à la première Exposition universelle en 1851, à Londres, puis à celles de Paris en 1855 et 1867 où il remporte le seul Grand Prix décerné à la facture instrumentale.
Journal amusant n°1856. Paris,
© Musée national des arts et traditions populaires
- Savez-vous pourquoi les nouvelles trompettes de Sax font tant de bruits!
- C'est pour empêcher d'entendre ce qu'on dit de leurs anciens pianos...
Concert chez Adolphe Sax avec Abd-el-Kader,
Anonyme, E.975.6.4
© Cité de la musique - Photo : Jean-Marc Angles
Georges Kastnerpublie la première méthode de saxophone en 1846, chez Troupenas et Cie. Il est aussi le premier compositeur à employer le saxophone (basse, en ut) dans l'orchestre symphonique, pour son oratorio Le Dernier Roi de Juda, créé au Conservatoire de musique de Paris en 1844. Il est bientôt suivi par Meyerbeer, Massenet et Saint-Saëns. Lors des représentations de Tannhaüser à l'Opéra de Paris, Richard Wagner préconise l'emploi de saxophones à défaut de cors. Ambroise Thomas utilise le saxophone alto dans Hamlet (1898) aussi bien comme accompagnateur que comme soliste. Mais c'est pour le mélodrame d'Alphonse Daudet, L'Arlésienne (1872), que Georges Bizet écrit un des premiers grands solos pour saxophone alto, à partir duquel il compose plus tard deux suites symphoniques. C'est incontestablement l'œuvre pour saxophone la plus célèbre du XIXe siècle.
Rapidement, les harmonies et les fanfares militaires adoptent le saxophone qui donne une plénitude et une puissance de son et crée une homogénéité de timbres entre les bois et les cuivres.
Au XIXe siècle, les quelque 300 « solos » sont composés pour saxophone et destinés à être joués au Jardin d'Hiver, salle Sax, rue Saint-Georges ou sous les kiosques à musique.
Il faut attendre le début du XXe siècle avec la Rhapsodie pour orchestre et saxophone de Claude Debussy (1903) et le Choral varié op. 55 de Vincent d'Indy (1903) pour que le saxophone trouve véritablement sa place au sein de l'orchestre symphonique. Un peu plus tard, Maurice Ravel dans le Boléro (1928) et Serge Prokofiev dans le Lieutenant Kijé (1934-1937) offrent des solos au saxophone ténor. Deux virtuoses accèdent à la notoriété : Marcel Mule et Sigurd Rascher.
Mais c'est le jazz qui révèle le saxophone au grand public et lui donne ses lettres de noblesse. Son timbre nuancé séduit les chanteurs de negro - spirituals qui s'en emparent : il est au cœur de cette nouvelle musique qui voit le jour à la Nouvelle Orléans (1920-1925).
Erskine Tate's Band, avec Louis Armstrong,
début des années 20.
© Coll. Francis Paudras. Jazz memories
Dès lors, de grands saxophonistes ne cessent de ponctuer l'histoire du jazz : dans les années 30 et 40, Ben Webster, Coleman Hawkins (orchestre de Duke Ellington), Lester Young, Charlie Parker ; dans les années 50 et 60. Ornette Coleman, John Coltrane, Stan Getz, Pharoah Sanders, Sonny Rollins, et de nos jours, Michael Breker, Joe Lovano ou, en France, François Jeanneau, Julien Loureau...
De nombreux compositeurs du XXe siècle sont alors influencés par le jazz et l'intègrent dans leur orchestration : George Gershwin (Rhapsody in Blue, Porgy and Bess, Un américain à Paris en 1928...) ou encore Leonard Bernstein (West side story en 1957). Igor Stravinski compose Ebony Concerto (1945) pour l'orchestre de Woody Hermann.
Dans les stages de jazz, les « apprentis-saxophonistes » sont les plus nombreux, témoins du succès artistique et technologique de l'invention d'Adolphe Sax
Sur Adolphe Sax :
Adolphe Sax (1814-1894) : His Life and Legacy, Wally Horwood, Egon Publisher, 1983 [41.48 SAX].
Adolphe Sax (1814-1894) : sa vie, son œuvre et ses instruments de musique, Malou Haine et François Lesure, Université de Bruxelles, 1980 [41.48 SAX].
Catalogue des instruments Sax au Musée instrumental de Bruxelles, suivi de la liste des 400 instruments Sax conservés dans les collections publiques et privées, Malou Haine et Ignace de Keyser, Musée instrumental de Bruxelles, 1980 [41.5 HAI].
Adolphe Sax et la facture instrumentale, Gaston Brenta, Académie Royale de Belgique, 1967 [RES. TP 73].
Sur l'histoire et la facture du saxophone :
Aspects of the Saxophone in American Musical Culture, 1850-1980, Harry Burdette Hindson, U.M.I., 1992 [RES. TH 67].
Le Saxophone, Jean-Louis Chautemps et al., Lattès-Salabert, 1987 [73.12 CHA].
Histoires du saxophone, François Billard, Yves Billard et Gérard H. Rabinovitch, J. Clims, 1986 [45.22 BIL].
Die Saxophone : Beiträge zur Baucharakteristik, Funktion und Geschichte, Karl Ventzke, Claus Raumberger et Dietrich Hilkenbach, E. Bochinsky, 2000 (1979) [45.22 VEN].
Le Saxophone : son histoire, sa technique et son utilisation dans l'orchestre, Marcel Perrin, Ed. d'Aujourd'hui, 1977 [45.22 PER].
7/ Autre liens avec le Saxophone ... :
. http://www.youtube.com/watch?v=J7u9x50GGGs&list=PLE333CDB62ACB97EB
http://www.youtube.com/watch?v=j1bWqViY5F4&list=PLE333CDB62ACB97EB
: summertime – Charlie Parker
http://www.youtube.com/watch?v=eOVMD6fjDCo
: Daft Punk feat. Pharrell Williams - Get Lucky - Saxophone Duet
http://www.youtube.com/watch?v=1U40xBSz6Dc&list=RDynEOo28lsbc
Par philkikou - 17-11-2013 17:31:09 - 4 commentaires
Le Friol, vous connaissez ?? Et bien en Drôme Ardèche et même au-delà ce nom est bien connu grâce au club cyclosportif de Tain/Tournon (on croise assez souvent ces maillots rouge et noir dans la région)
Mais le nom de ce club n'est pas anodin, puisque il permet de garder un souvenir d'un grand cycliste qui a grandi à Tain L'Hermitage : Emile Friol !!
Pour en savoir plus sur ce grand cycliste je suis allé « pioché » la pépite qui suit dans la mine d'or qu'est le site du Petit Braquet sur tout ce qui touche au vélo !!
( http://lepetitbraquet.fr/chron72_friol-emile.html)
Bonne lecture et bonne découverte !!
Immense champion au destin tragique, Emile Friol fut probablement le premier très grand sprinteur français. Aujourd’hui presque totalement oublié en dehors de Tain l’Hermitage, sa ville de résidence où un club cycliste possède son nom, Emile Friol a pourtant marqué son époque par son style et son talent, permettant au sprint français d’être reconnu au plus haut niveau international. Fils de Louis Victor Michel Friol, ajusteur mécanicien, et de Marie Louise Fleuret, son épouse, sans profession, Emile Louis Friol est né au domicile de ses parents, rue Montesquieu, dans le troisième arrondissement de Lyon, le 9 mars 1881, à une heure du matin. Son père prît la décision de retourner dans son pays d’origine, peu après la naissance d’Emile et il s’installa dans le nord du Département de la Drome, à Tain l’Hermitage, commune où était implantée sa famille depuis plusieurs générations. Louis Friol s’établit comme serrurier et c’est dans cette ville coincée entre le Rhône et les collines où s’épanouissent des vignes qui produisent un des plus grands vins de la vallée du Rhône, l’Hermitage, qu’Emile et son frère cadet Marius qui lui aussi devint coureur cycliste, passèrent toute leur enfance.
Très jeune Emile éprouve une véritable passion la bicyclette dans laquelle il entrainera son frère cadet. Ainsi en 1900 et en 1901, nous découvrons parmi les candidatures à l’UVF (Union Vélocipédique de France. Bulletin officiel) un certain E Friol, marchand de cycle, place de l’Eglise à Tain l’Hermitage.
Lorsqu’en 1904, Emile Friol remporta pour la première fois le championnat de France de vitesse, il était encore un parfait inconnu pour le grand public. A ce propos, Tristan Bernard publia dans la revue « le Vélo » sous son vrai nom (Paul Bernard), un article très élogieux pour le Drômois.
« Le cas de Friol est très curieux et très rare. Ce jeune coureur a vraiment brûlé les étapes. Il a été si vite champion qu’il n’a pas eu le temps d’être coming man*… C’est un homme qui est venu et qu’on n’avait pas vu venir… Il est venu sans qu’on l’attende. Mais on attendait quelqu’un et on lui fait fête… Il faut toujours quand on salue un nouveau champion, prononcer à part soi, pour conjurer le sort, quelques paroles cabalistiques que les bons sportsmen superstitieux ont toujours à l’usage. Ah, c’est que dans notre histoire les déceptions sont fréquentes… » * L’homme à venir (note de l’auteur)
Ayant débuté la compétition en 1900, Emile Friol n’a quasiment pas fait parler de lui au niveau national avant ce championnat où son talent éclata aux yeux de tous. Il avait pourtant déjà fait preuve de qualités certaines dans les épreuves régionales, à tel point que, dès l’automne 1902, il est à Paris pour tenter sa chance face aux cadors de l’époque. Vainqueur d’une course de vitesse réservée aux coureurs de troisième catégorie, il gravit un à un les échelons et s’aguerrit doucement. Dans les résultats sportifs qu’il nous a été possible de consulter on retrouve trace au cours de l’automne 1902 d’Emile Friol dans des épreuves de haut niveau réunissant les meilleurs coureurs alors présents à Paris. Eliminé en série parfois arrivant en finale il est encore loin des meilleurs mais sans faire de bruit il apprend.
Après dix mois de service national à Besançon, il reprend la compétition et son retour est concluant.
Certes Emile Friol manque encore d’audace et de sens tactique. Souvent la victoire lui échappe car il se laisse enfermer par des coursiers plus aguerris et surtout plus roublards que lui mais les qualités intrinsèques du Drômois sont là. L’expérimenté sprinter allemand Henri Mayer, de trois ans son ainé, vainqueur du Grand Prix de Paris et troisième des mondiaux en cette année 1904, a compris l’immense talent de Friol et il va lui prodiguer des conseils qui ont, sans nul doute, joué un rôle dans l’épanouissement de notre champion.
Sa victoire au championnat de France semble avoir marqué un véritable tournant dans sa carrière mais aussi dans l’histoire du sprint français. En effet devant le talent démontré à cette occasion par Emile Friol, la presse spécialisée qui, pour une fois ne se trompa pas, fut dithyrambique. En cinquième et dernière position à l’entrée du dernier virage, il était à une place qui habituellement, de l’avis de tous, ne permet pas de remporter la victoire et pourtant dans un de ces rushs dont il se fera une spécialité, Emile Friol remonta tous ses adversaires dans la dernière ligne droite pour s’imposer assez nettement.
Dans le journal « l’Auto » Géo Lefebvre écrit ces quelques lignes : « le meilleur sprinteur allemand, danois ou américain n’aurait pas mieux gagné, avec une plus grande souplesse et une plus remarquable vitesse de jambes ».
Dans l’autre journal spécialisé « le Vélo » Ch. Renaud renchérit en déclarant : « Friol est certainement à l’heure actuelle un des coureurs les plus vîtes qui soient au monde. »
Tristan Bernard termina son article consacré à Friol parut lui aussi dans le Vélo, par ces quelques mots : « Est-ce le sprinter exceptionnel ? Est-ce simplement un bon coureur ? - En tout cas, c’est quelqu’un semble-t-il, et il ne faut plus parler désormais de supprimer – faute d’un champion digne de ce titre – notre vieux Championnat de France. »
Martin Gale dans le quotidien « La Presse » datée du 20 septembre 1904 ajoute aux commentaires de ses confrères, l’espoir d’une nouvelle ère pour le sprint tricolore : « Hier, la facilité de sa victoire dans sa série et dans la finale du championnat, bien mieux que sa victoire elle-même, font espérer que nous tenons enfin le champion national, susceptible d’être opposé aux cracks étrangers. Nous ne jouerions donc plus un rôle aussi effacé dans les grandes épreuves internationales. »
Coureur de grande classe, Emile Friol a souvent perdu des courses car il n’avait la force de caractère de certains de ses adversaires et il doutait parfois de lui et de ses formidables qualités. Il n’est pas, selon les canons du début du XXème siècle, un athlète et l’on peut même lire dans la presse qu’il doit ses victoires davantage à ses nerfs qu’à ses muscles. D’une taille moyenne pour l’époque, 1 mètre 68, doté d’une musculature plutôt fine, il est de fait réputé pour ses démarrages foudroyants et sa grande vitesse de jambes.
C’est peut être Pierre Chany qui en fit, en quelques lignes, le plus beau portrait :
« Le Rhodanien semblait dépourvu de musculature, il était efflanqué, sec comme un sarment des coteaux de Cornas, mais son influx nerveux le rendait spectaculaire et toujours dangereux pour les meilleurs. »( Pierre Chany, La Fabuleuse histoire du cyclisme) ?
La souplesse d’un guépard, comme on le surnommait alors et une façon de démarrer ou plutôt de bondir, comme un fauve se jette sur sa proie, tel était sa marque de fabrique. Ses attaques foudroyantes firent sa réputation et Jacques Mortane, journaliste à « la vie au grand air » pouvait à l’issue du championnat du monde 1907 déclaré « il est de fait que lorsqu’on voit courir Friol, on a une impression de vitesse angoissante. Cet homme file, file, on se demande s’il n’a pas un moteur de 80 HP dans les jambes. »
Cette vitesse qui impressionnait tant a été mesuré sur cent mètres. Les chiffres sont, au-delà de l’absence de précision des chronométrages manuels, effectivement époustouflants pour l’époque : 5 secondes et 6 dixièmes sur 100 mètres, soit 64,3 kilomètres / heure.
On sait peu de choses de ses méthodes d’entrainement si ce n’est qu’il avait coutume « de courir quelques tours de piste à la course à pied pour se dérouiller les muscles et se donner du souffle. »
Selon René Bierre dans un article de Paris Match, en date du 20 février 1934, Emile Friol s’entrainait d’abord sur la route avec un braquet de 23 x 8, ce qui correspond à un braquet de 46 x 16. Pendant huit jours, il parcourait 20 à 30 kilomètres à l’heure avec trois maillots (probablement pour augmenter la sudation). Pendant les huit jours suivants, il faisait le même travail avec un braquet de 24 x 8 et il effectuait quelques sprints. Durant un troisième cycle de huit jours, il augmentait encore le braquet et utilisait un 23 x 7, avant de passer pour la dernière semaine de travail sur route à un 24 x 7 soit 48 x 14 pour des exercices destinés très probablement à développer la puissance. Il passait ensuite sur la piste mais le journaliste oublie de nous dire pour quel travail spécifique et sur quelle durée le Drômois y travaillait avant la compétition.
1907, restera comme la saison de la confirmation pour Emile Friol qui, après avoir conquit le Grand Prix de Paris et un troisième titre de champion de France, s’imposa pour la première fois, lors des championnats du monde qui se déroulèrent au Parc des Princes. Le 7 juillet, opposé en finale à Walter Rutt et Henri Mayer, deux coureurs allemands de talent dont on pouvait légitimement redouter une alliance de circonstance, il se joua littéralement de ses adversaires en démarrant aux 300 mètres pour l’emporter avec plus de deux longueurs d’avance sur Mayer, alors que Rutt complètement dépité s’est relevé bien avant la ligne d’arrivée.
Friol, après sa victoire, est reconduit par le Président de la Commission Sportive.
Se promener en peignoir après la course était un must à l’époque
17-8-13, Parc des Princes, Friol, champion de France de vitesse, Agence Rol On retrouve souvent le coureur noir Spatts au coté d’Emile Friol lors des départs de course
Après deux saisons un peu moins brillantes, Emile Friol réalisa en 1910 une année frisant la perfection en s’imposant aux mondiaux, au championnat de France, au championnat d’Europe ainsi qu’au Grand Prix de Paris et au Grand Prix de l’UVF, les deux épreuves françaises les plus réputées au niveau international. Avec deux titres mondiaux et quatre titres nationaux en poche, Emile Friol aurait pu songer à une retraite bien méritée mais il a encore l’envie de courir et de gagner. Certes il est un peu moins présent au très haut niveau mais il demeure un adversaire redoutable et redoutée comme en témoigne ses victoires au grand prix de France 1911 et 1912 et son cinquième titre de champion de France de vitesse en 1913 devant Léon Hourlier et Gabriel Poulain.
L’année suivante alors que les bruits des bottes commencent à résonner un peu partout en Europe il est encore là, ne s’inclinant en finale du championnat de France que face à Léon Hourlier, son plus redoutable adversaire au niveau national. Depuis 1906, ils ont à eux deux, remporté sept des neuf championnats de France : 4 pour Friol, 3 pour Hourlier. Ajoutons à cela pour bien mesurer la valeur et la régularité du Drômois qu’entre 1906 et 1914 outre ses 4 victoires, il a également terminé second à quatre reprises, le podium ne lui échappant qu’une seule fois en 1909. Hélas pour Friol, pour Hourlier et pour beaucoup d’autres coursiers fauchés en pleine force de l’âge, il n’y aurait plus jamais de podium, de bras levés en signe de victoire et de charmantes jeunes femmes pour faire la bise au vainqueur. (Voir coup de chapeau consacré aux cyclistes disparus durant la 1ère guerre mondiale :
( http://lepetitbraquet.fr/chron57_ceux-qui-ne-revienrent-pas-1.html )
Selon la formule consacrée, Emile Friol est décédé sous l’uniforme le 11 novembre 1916 à Amiens, des suites d’un accident de moto.
Le Docteur Henry Aurenche ami d’enfance d’Emile Friol, écrivain connu du milieu du XXème siècle consacra, en 1923, un livre « Mémoires d'une bicyclette » à son ami trop tôt disparu. Laissons-lui la parole pour nous raconter les circonstances de sa disparition et conclure cet hommage à un immense champion.
«En face venant de Bernécourt, arrivait un gros camion américain. Il devait avoir une charge urgente, car il allait vite et, malgré le danger de la route, il poursuivait sa mission. Il était à notre hauteur. Tout à coup, il fait une embardée formidable; le conducteur tué par une balle perdue. L’énorme machine se rabat sur nous. Friol, lancé sur sa moto, ne peut freiner. A toute vitesse, il se brise sur le camion. Ainsi mourut pour son pays, Emile Friol.»
Dans un style touchant, il donne la parole à un ami imaginaire et à la bicyclette d’Emile Friol pour nous raconter la vie du champion, mais aussi son désarroi et son immense chagrin face à la mort de son ami.
« Dans le grand bouleversement qui avait suivi le choc meurtrier, dans le chaos de tout son être, une seule idée demeurait dans l’esprit du champion : l’adieu qu’il avait reçu de Friol : « Pour toi. Travaille. Pense aux miens. »
« Quel est cet étroit cimetière, entouré d’arbres verts que le vent balance, tout près d’un coteau creusé d’un trou d’ombre ? C’est celui de la carrière de Flirey. C’est là que repose Emile Friol. L’aviette* s’approche, rase la crête et passe devant le monument américain. Voilà tout près le petit enclos, trop grand hélas, peuplé de croix blanches. André se penche hors du fuselage, sa main tient une gerbe de fleurs. Il passe. Les fleurs viennent atteindre la tombe de son ami. »
* Nom d’un avion à pédales qui dans le roman d’Henry Aurenche aurait été réalisé selon l’idée d’Emile Friol. (ndlr).
***PALMARES :
1902
Amateur, le 21 septembre,
vainqueur de Romans-Grenoble-Romans (information à confirmer car le prénom du vainqueur n’est pas précisé)
1er d’une épreuve scratch sur 666 mètres, réservée aux 3èmes Catégories, Parc des Princes, 6 octobre (La Presse),
5ème d’un scratch international, Parc des Princes, 13 octobre
1903
Service National à Briançon
On retrouve le 1er juillet, un Friol figurant parmi les 5 inscrits pour participer avec les coureurs du Tour de France, à l’étape Lyon Marseille. (information à confirmer car le prénom du vainqueur n’est pas précisé)
1904
1er du Championnat de France de vitesse
1er d’un handicap international à Buffalo, le 30 avril
1er d’un scratch international au Parc des Princes le 4 juillet
3ème du critérium d’Automne
1905
3ème du Championnat de France de vitesse,
1er du Prix Zimmermann
1er avec G Poulain du prix Farman, épreuve de tandem au vélodrome d’hiver le 30 octobre
1er avec G Poulain d’une épreuve de tandem au vélodrome d’hiver le 12 novembre
1er du scratch Vélodrome Buffalo (août)
1er du Prix de l’Espérance au vélodrome d’hiver (novembre)
3ème du Grand Prix de Genève
1906
1er du Championnat de France de Vitesse,
1er du Grand Prix de France 3ème du Championnat du Monde, Piste, Sprint,
3ème du GP de Paris, Sprint,
1907
8 victoires dont : 1er du GP de Paris, Sprint
1er Championnat de France de Sprint 1er du Championnat du Monde, Piste, Sprint,
3ème du Grand Prix de Copenhague (DEN)
1908
3 victoires dont 1er à GP de l´UVF,
1er Grand Prix de la République
2ème du Championnat de France de Sprint
1909
1er du GP de Paris, Sprint Champion d’hiver de vitesse
1910
12 victoires dont :
1er du GP de l´UVF, Sprint
1er du GP de Paris, Sprint
1er du Championnat de France de Sprint
1er du Championnat du Monde, Sprint
1er du championnat d’Europe de Vitesse
1911
6 victoires dont :
1er du GP de l´UVF, Sprint
1er du Grand Prix de France
2ème du Championnat de France de sprint
1912
3 victoires dont :
1er du Grand Prix de France
1er du Grand Prix de Marseille
2ème du GP de l´UVF, Sprint
3ème GP de Paris, Sprint (FRA)
2ème du Championnat de France de Sprint
1913
5 victoires dont :
1er du Championnat de France de Sprint
1er du critérium national de vitesse
1er du meeting de l’arrivée du Tour de France
2ème du GP de l´UVF, Sprint
1914
1er grand Prix de Paris
2ème du Championnat de France de Sprint
Pour en savoir plus
***BIBLIOGRAPHIE
Docteur Henry Aurenche. « Mémoires d'une bicyclette », roman sportif. Préface d’Henri Desgrange. Prix de 'l'Auto' en 1923
Autres ouvrages d’Henry Aurenche : La Fortune de Marysienka, reine de Pologne, 1937 ; Vers Jérusalem 1928 ; A Venise par les Dolomites, 1918 ; Sur les chemins de la Corse, 1926 ; Vers Jérusalem, 1928 ; Le flô d'or. farce vivaroise en 1 acte , 1936 ; Les Conseils du Docteur Simples : Recueil de conseils pratiques pour le traitement des maladies par des remèdes simples 1952 ; Chemins de Compostelle, 1948 ; La passion du saint cure d'ars, 1954 ; Les deux quadrilles. contes et nouvelles, 1961 ;
=> ET ALLER VOIR LE SITE SUIVANTE QUI EST UNE MINE D'OR POUR TOUS LES SUJETS SE RAPPORTANT AU VELO :
http://lepetitbraquet.fr/chron72_friol-emile.html