Belle balade Franco / Italienne par Monts et par Vaux en vélo
Par philkikou - 27-11-2017 06:07:28 - 5 commentaires
En revenant de vacances familiales à Gênes, le passage par le Col de Montgenèvre et Briançon m'a donné la destination pour ma sortie vélo estivale : ce sera BRIANCON avec un projet qui remonte à la surface : celui de découvrir la Vallée de Clarée.
Je passe quelque temps sur Openrunner pour ébaucher un projet d'itinéraire pas forcément avec l' Izoard déjà gravi par le versant Sud ou le Galibier avec le Col du Lautaret loooooong et un peu indigeste.
Avec la Vallée de la Clarée me vient l'idée de faire tomber les frontières et de programmer une sortie à la sauce Italienne en essayant de prendre un maximum de routes tranquilles PAR MONTS et un minimum de grands axes très fréquentés PAR VAUX.
Ce parcours me permettra donc de découvrir la Vallée de la CLAREE, passé en Italie par le COL de l'ECHELLE pour rejoindre BARDONECCHIA et la Vallée de la DORIA RIPERA que je suivrais jusqu'à SUSA, où je changerai de développement pour m'attaquer au COLLE DELLE FINESTRE et prendre une route à plus de 2000m . qui mène à SESTRIERES pour rentrer par CESANA TORINESE et le COL DE MONTGENEVRE. Cà c'était le plans initial, il y aura quelques variantes sur le terrain....
La veille je fais au préalable et en préambule une visite de la ville de BRIANCON chargée d'histoire !!!...
01 Visite et Resto dans la vieille ville....
*** Briançon
Département des Hautes Alpes - Population : 35.647 h. - Altitude : 1.321 m.
A l'intersection des N91 et N94, à 87km de Gap, 116km de Grenoble et 125km de Torino (Italia).
Avec son climat béni des Dieux ("300 jours de soleil par an"), idéal pour se refaire une santé, Briançon est un "haut-lieu de traitement des maladies respiratoires" et peut également s'enorgueillir d'être la "ville la plus haute d'Europe".
Dans son écrin de très hautes montagnes, dont certaines dépassent les 4000 mètres, protégé par plusieurs forts militaires encore en parfait état, Briançon est un joyau qui se mérite, surtout pour les amateurs d'histoire qui voudront visiter sa "ville haute" fortifiée par Vauban.
L'idéal est de se garer sur le parking supérieur, d'où vous n' aurez plus qu'à pénétrer dans la vieille ville par une des portes qui s'ouvrent dans l'épaisse muraille d'enceinte.
Avant de descendre (au lieu de monter !) explorer les ruelles en pente de cette si fameuse "cité Vauban. Et vous ne serez pas déçu, à condition d'aimer marcher et de porter de bonnes chaussures.
Prenez le temps de faire le tour complet des remparts, vous ne manquerez ainsi aucune des merveilles à voir à Briançon : plusieurs superbes fontaines très anciennes, une sublime "Maison des Templiers", une magnifique église baroque (la Collégiale)… ou tout simplement de jolies façades pastel ou de tranquilles placettes.
http://www.provenceweb.fr/f/hautalpe/briancon/briancon.htm
LES PORTES
http://www.ville-briancon.fr/les_portes.html
Les portes de la ville faisait l'objet d'un soin particulier dans la défense des places fortes. Il fallait pouvoir aller et venir en temps de paix tout en contrôlant les accès et pouvoir les fermer complètement en cas d'attaque ennemie.
Ancienne porte de cime de ville ou de Piémont, elle ferme le haut de la ville. Elle est précédée d’une demi-lune comportant un corps de garde nommé « d’Artagnan » qui abritait autrefois les soldats qui étaient chargés de sa surveillance.
Sur les principes de Vauban et afin de montrer la grandeur du royaume, elle offre à la vue de l’ennemi un majestueux décor à bossage de style classique composé de deux pilastres et d’un fronton triangulaire.
Ouverte au début du 20e siècle pour rendre l’accès de la vieille ville possible aux voitures, elle reproduit le modèle classique des portes des places fortes avec un faux pont-levis et un décor de pierre de taille.
Ancienne porte du pied de ville, elle donne l’accès au bas de la ville. Comme celle de Pignerol, elle est précédée d’une demi-lune comportant un corps de garde nommé « Saint-Mars » qui abritait autrefois les soldats qui étaient chargés de sa surveillance. Deux ponts-levis successifs améliorent sa défense.
Autrefois protégée par un petit fossé et un pont-levis, elle fermait la ville sur le front de la Durance. Elle permet d’accéder au chemin qui monte au fort des trois Têtes. Construite en pierre de taille, elle est ornée d’un jeu de pilastres et amortissements.
Ces trois premières portes font partie de l’ensemble fortifié de Briançon inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO au titre des Fortifications de Vauban.
Elle permettait au Moyen Age de franchir l’enceinte de défense que formaient les maisons. Elle donne accès à la rue du même nom qui conduit au milieu de la ville. Elle a été restituée au 20e siècle lors de la restauration de la maison qu’elle jouxte.
http://www.ville-briancon.fr/monument_fort_chateau.html
Construit sur le rocher dominant la cité Vauban, cet ouvrage connut de nombreuses modifications au cours des siècles.
D'abord château fort médiéval au temps des Dauphins, il fera l'objet de nombreux projets qui aboutiront à sa transformation au 19e siècle..Fermé au public, l'édifice peut être découvert à l'occasion de visites guidées du Patrimoine.
http://www.ville-briancon.fr/collegiale_notre_dame_et_st_nicolas.html
La Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Nicolas domine les remparts de Briançon. Son histoire est fortement liée à la politique catholique de Louis XIV et donc à l'importante présence militaire dans la ville aux 17e et 18e siècles.
Les fortifications de Vauban à Briançon sont inscrites depuis juillet 2008 sur la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l'humanité aux côtés de onze autres sites français regroupés au sein du Réseau des Sites Majeurs de Vauban.
Ce fort a été envisagé par Vauban dès 1692 pour occuper le replat du Poët, dominant dangereusement la ville. Sa réalisation, à partir de 1709, fut guidée par les plans établis de son vivant.
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=> Voilà, le décor est planté, les acteurs sont prêts, en route pour une journée découverte
*parti à 6h55
02 ... avec le Pont d'Asfeld et les anciens Forts des 3 Têtes encore dans l'obscurité
Véritable ouvrage d’art, alliant prouesse technique et esthétique, ce pont a été construit afin d’assurer la liaison entre la ville haute et les forts situés sur la rive gauche de la Durance.
Pivot du système défensif de Briançon, ce fort imposant a remplacé à partir de 1721 le camp retranché sur le plateau des Trois Têtes, jugé si important par Vauban pour la défense de la ville.
Conçue comme sentinelle avancée de la chaîne de fortifications, cette position assurait le croisement des feux avec le fort des Salettes afin d’interdire l’accès à la ville depuis le chemin du Piémont.
Situé sur une position plus étroite et escarpée que les autres ouvrages, ce fort se développe sur trois plates-formes. Son rôle principal était d’empêcher une attaque de l’assaillant depuis les crêtes.
Ouvrage atypique dans l’histoire de la fortification, ce passage couvert avait une double fonction : assurer la communication du fort des Trois Têtes avec celui du Randouillet tout en barrant le vallon de Fontchristiane.
04 Départ un peu avant 7h du mat' direction la Vallée de la Clarée encore dans l'obscurité
05 Y'a pas que moi qui suis matinal... Une montgolfière qui se prépare elle aussi à une belle balade
06 Forte tua : C’est la tienne, peut-être que c'est mon heure... pour se balader
...et non pas Forte TVA (citations latine d'Emmanuelis Macronos )
07 L'église de Val des Prés encore à l'ombre. Le soleil arrive...
08 ....dans la vallée et à Névache
09 Fini la montée en faux-plat... au bout de 20kms et à partir de Névache ça grimpe bien...
10 ...pour arriver à la Chapelle de Bon Secours avec les Pointes du Queyrellin en fond d'écran
11 Zoom sur les crocus en bordure de route
12 Quel pied ces routes et ces paysages !!!
13 Un petit air Canadien avec les Pointes du Queyrellin et la Pointe des Cerces
A la fin de la montée à 2000m d'altitude, discuté avec un cycliste Italien qui me parle qu'il va aller dans la Vallée Etroite après le Pas de l'Echelle, et me confirme que les 8 derniers kms du Colle delle Finestre ne sont pas goudronnés, mais que çà passe en vélo de route.
Par contre changement de programme pour la route des crêtes de l'Assietta qui n'est possible qu'en VTT... Il faudra que je descende par Balboutet en prenant la route principale de Sestrière, ce qui ne m'enchante pas à cause de la circulation.
14 ...tout simplement beau...
15 Chalets de Fontcouverte, la Clarée et la Pointe des Cerces
*VAL CLAREE : 1h54 / 31kms / D+ 793m
16 En poursuivant en rando pédestre....
17 une prochaine fois...
18 ...et au milieu coule une rivière...
19 Chalets de Fontcouverte avec sa chapelle
20 La Grande Chalanche...
21 ...en montant au Col de l'Echelle
L’origine du nom Clarée
D’après le livre de Rostolland, la Clarée doit son nom à la transparence de ses eaux, et à sa pureté qui rappelle celle du cristal.
On l’a appelée aussi: Claire, Clairée, Clairet.
Avant on l’appelait "Aqua de Névachia", ou "l’eau de Névache".
A Val des Prés, la rivière de 30 kilomètres, qui descend du col des Rochilles, perd son nom de Clarée à son confluent avec le petit ruisseau "la Durance" qui descend de Mont-Genèvre, alors la Clarée prend le nom de Durance.
Cette injustice a frappé tous ceux qui ont étudié l’hydrographie du Briançonnais.
Pourquoi cette injustice ?
La raison historique ...
Quand les premiers voyageurs traversèrent les Alpes, ils passèrent par la vallée de la Dora Riparia. Une fois au col du Mont-Genèvre, ils suivirent un petit cours d’eau qui descendait sur l’autre versant du col, et ils la nommèrent Durance (même racine que Dora). Arrivés aux Alberts, ils furent surpris de voir que le petit ruisseau qui leur avait servi de guide se jetait dans une "grande rivière aux eaux sans pareilles". Mais comme cette rivière venait du Nord, elle était inutile pour eux et, comme ils ne savaient pas son nom, ils continuèrent à l’appeler Durance.
...et la raison poétique
D’après Henri Rostolland, le cours d’eau ne doit plus s’appeler Clarée après Val des Prés parce qu’après, elle est moins claire et moins pure.
..."Pour comble d’infortune, tu aurais perdu ta pureté qui rappelle celle du cristal et tu n’aurais plus été digne d’être appelée Clarée..."
http://ecole.nevache.free.fr/Claree/injustice.htm
Une vallée préservée
Les vallées de la Clarée et de la vallée Étroite ont profité de leur éloignement pour conserver leurs caractères naturels et sauvages.
Classée au titre des Sites Naturels depuis 1992, la Clarée a connu depuis 1906 de nombreux classements au titre des monuments historiques et des sites.
Ce classement reconnaît la qualité exceptionnelle de cet ensemble, tant sur le plan culturel que naturel.
Cette protection a été demandée par les habitants de la vallée pour la protéger d’un projet autoroutier puis ferroviaire. Dans les années 70, un projet autoroutier reliant Fos-sur-Mer à Turin passant dans la Clarée et sous le col de l’Échelle voit le jour. Indignés, les habitants se mobilisent sous l’impulsion d’Émilie Carles. Un de leurs faits marquants est la manifestation en juillet 1975 à Briançon pour protester contre le projet avec le slogan « Des moutons pas de camions ».
Suite au tapage médiatique, le projet est abandonné pour mieux ressortir au début des années 80 sous forme ferroviaire. C’est là qu’est créé le Collectif de Défense de la vallée de la Clarée qui a milité pour le classement des deux vallées. Depuis, le Collectif veille toujours et la vallée de la Clarée a vu sa protection renforcée par l’intégration au réseau Natura 2000 et par sa candidature à l’obtention du label Grand Site de France.
La vallée, ses villages et ses hameaux
À l’entrée de la vallée de la Clarée, à 7 km de Briançon, se situe Val-des-Près. Composé de 3 hameaux : La Vachette, Le Rosier et le Chef-lieu, le village a su garder son caractère montagnard et surtout son esprit villageois. À Val-des-Près, vous pouvez prendre le temps de prendre votre temps. Respirez, soufflez, profitez, revitalisez-vous !
En remontant la Clarée, découvrez Névache, un bijou au naturel.
C’est un petit village authentique qui s’étire depuis le hameau de Plampinet jusqu’à celui de Ville-Haute, égrenant sur sa route Le Roubion, Sallé, Le Cros et Ville-Basse. Névache garde ses secrets pour les amoureux de la nature. Une nature préservée, un village qui a su garder son charme, des villageois sympathiques, Névache est la destination idéale pour un séjour en famille, sportif ou encore pour les contemplatifs… Venez au cœur de la nature pour de nouvelles aventures !
En continuant après Névache, en navette, en voiture, en vélo ou à pied l’été, en raquette ou en ski l’hiver, explorez la Haute Vallée sauvage de la Clarée. Vous pourrez admirer l’architecture des chalets d’estive, qui veillent sur les sentiers menant aux lacs, sommets et alpages enchanteurs.
Dans chaque hameau, découvrez un patrimoine préservé. Des chapelles, des églises et des cadrans solaires se dressent tout au long de la vallée. Chaque hameau vous réserve ses secrets et son histoire.
La Clarée, une rivière magique
La Clarée prend sa source sous le seuil des Rochilles, au niveau du lac de la Clarée à 2 433 m d'altitude jusqu'à sa confluence avec la Durance, 32 km plus bas, au pont des Amoureux, juste avant la Vachette.
Au fur et à mesure de sa course le petit torrent se fraye un chemin à travers les reliefs. D’abord très étroit, le lit de la future rivière s’élargit. Les dépressions du lit provoquent mouvements d’eau, tourbillons, rapides et cascades dont la plus emblématique se trouve à Fontcouverte (6 km après Névache).
Le sentier qui longe la Clarée depuis la plaine de Plampinet jusqu’à sa source en altitude, permet des promenades douces et variées au bord d’une eau claire et limpide, laissez-vous séduire par l'éclat d'argent de la Clarée.
Repaires des truites fario, cette rivière d’argent, aux eaux sans pareil est le paradis des pêcheurs. Elle figure parmi les rivières les plus poissonneuses et les plus captivantes qui soient. Beaucoup la classe comme « La » rivière des Hautes-Alpes.
D’autres animaux vivent aux abords des torrents et rivières tel que le cincle plongeur. Ce petit oiseau marche au fond de l’eau, s’agrippant aux cailloux à la recherche de nourriture, larves et autres insectes aquatiques. Restez discret et vous pourrez apercevoir son ballet aquatique.
http://www.nevache-tourisme.fr/fr/vallee-de-la-claree/
22 La vallée étroite après le bout du tunnel, un extra par rapport au programme initial
*VALLE ETROITE : 3h10 / 56kms / D+ 1234m
23a Place à la rando ou au VTT....
24 ...après le hameau des Granges...
25 ... avec le Mont Thabor au fond de la Vallée Etroite
26 Que l'embarras du choix pour les randos
27 Un bon raidar pour monter aux Granges
La Vallée Etroite : une vallée Franco-Italienne
La vallée Étroite est une vallée franco-italienne, rattachée à la commune de Névache par le traité de paix de 1947. Les rares habitants, bien souvent, ne sont pas Français mais Italiens mais l’administration reste française. Une situation originale, car pour téléphoner en France, enfin, en vallée Étroite, il faut faire le numéro international.
Tournée vers la plaine du Pô, cette enclave française en territoire italien constitue une exception au dessin des frontières basée sur le principe ancien de la ligne de partage des eaux.
Alors n’hésitez plus à aller à la découverte de cette vallée sauvage qui vous réserve bien des surprises ! Laissez-vous séduire par la magie des couleurs dolomitiques au soleil couchant et par la fraîcheur d’un joli torrent de montagne. Au détour d’un sentier, dissimulé entre éboulis et mélèzes, laissez-vous surprendre par l’étonnant « Lago Verde »
Accessible l’été par le col de l’Échelle, l’hiver, la vallée Étroite est accessible en voiture, uniquement par l’Italie via Bardonecchia. Les plus confirmés pourront s’y rendre en ski de randonnée ou en raquette par le col des Thûres au départ de Névache, mais attention aux risques d’avalanches fréquents sur cet itinéraire !
Partez à la découverte de l’histoire de cette vallée, en suivant le sentier thématique des Granges à l’entrée de la vallée Étroite. L’itinéraire permet une jolie balade le long du ruisseau, dans une forêt de pins (plan disponible à l’Office du Tourisme).
«Allora benvenuti a tutti nella Valle Stretta»
http://www.nevache-tourisme.fr/fr/vallee-etroite/
Le Mont Thabor, sommet emblématique de Névache
Le mont Thabor est le plus haut sommet accessible de la commune de Névache s'élevant à 3 178 m. Jusqu'en 1947, le mont Thabor marquait la frontière entre l'Italie et la France. Entouré depuis toujours de mystère, son nom aurait été donné à ce sommet par un pèlerin de retour de la Terre sainte, en souvenir de l’endroit de Palestine où a eu lieu la transfiguration du Christ.
Ce sommet est idéal pour gravir un « 3 000 » facile. Au départ de la vallée Étroite ou de Laval, à la journée ou en itinérance sur plusieurs jours en parcourant le GR 57 « Autour du mont Thabor », plusieurs possibilités s’offrent à vous.
Plus d’informations sur les randonnées autour du mont Thabor : www.refugesclareethabor.com.
En arrivant au sommet du mont Thabor, vous découvrirez des paysages d'une beauté rare, des prairies, le lac du fond de la vallée de Perron et une vue à 360°.
Vous pourrez également visiter la chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs, à proximité du sommet du mont Thabor. Datant du XVème siècle, c’est un ancien lieu de culte, plusieurs fois détruit, et toujours reconstruit. Le bâtiment actuel appartient à la communauté italienne du Mélézet. Des pèlerinages ont encore lieu dans cette chapelle.
http://www.nevache-tourisme.fr/fr/vallee-etroite/
28 Avant Bardonecchia la Punta della Mulattiera
29 La Vallée de Dora Riparia et le village de Salbertrand après avoir pris un peu de hauteur pour aller...
30 A la chapelle de Montcelllier après 3kms de montée et l'arrêt du goudron ( heureusement car j'avais prévu de monter à plus de 2000m. ce qui m'aurait fait rentrer à Briançon tard dans la nuit...
31 Exilles et son fort ***
Le Fort d´Exilles, un des monuments les plus anciens de la Vallée de Suse, est un des rares exemples de "château de rue", une construction défensive articulée en différents circuits murés défendant une zone interne et une barrière externe. Exilles garantissait le contrôle stratégique sur l´axe de la route qui, depuis le Piémont, portait en France en passant par le col de Montgenèvre. Au début du XVIIe siècle, le fort modifie son aménagement précédent en se transformant en une forteresse avec des remparts. On raconte que justement à cette époque, entre 1681 et 1687, un mystérieux personnage passé dans l´histoire sous le nom du "Masque de Fer" vécut entre ces murs. Au début du XVIIIe siècle, le château fort d´Exilles a subi d´imposants travaux de restructuration et de modernisation parmi lesquels la modification du front défensif vers la France. Complètement détruit par les français après le traité de Paris en 1796, le Fort fut reconstruit comme vous pouvez le voir actuellement entre 1818 et 1829 par le Roi de Sardaigne, qui avait repris possession de ses terres.
Entièrement reconstruit, le Fort d´Exilles est devenu le "Musée de soi-même" et il abrite une partie des collections militaires du Musée National de la montagne de Turin comme les uniformes militaires des troupes alpines ainsi que des esquisses, des cartes et des images qui racontent l´histoire du fort et de l´architecture militaire des Alpes Occidentales.
32 Autoroute de montagne dans cette vallée qui alterne viaducs impressionnants et tunnels avec des villages juste au-dessus : Adieu la tranquillité, bonjour la pollution !!!
33 Après quelques kilomètres dans la vallée je prends les roues du Giro à partir de Susa à 500m d'altitude...
*SOUSA (Altitude 500m.) : 5h11 / 107kms / D+ 1600m
33a Profil Colle delle Finestre
34 pour monter au Colle delle Finestre, col réputé par sa beauté, sa difficulté et ses 8kms non goudronnés qui pointe à 2178m. d'altitude
35 Après le passage dans le village de Méana de Susa, rentré dans des sous-bois très agréable...
36 ... et des lacets dont je ne me lasse pas
37 Vue aérienne sur la vallée et Susa
38 A partir d' Il Colletto un chemin forestier pour atteindre le Colle delle Finestre
39 Un arrêt à l'Alpe Casette pour faire le plein d'eau, car pas de fontaine sur cette montée...
40 ...sauf quelques ruisseaux mais pas de quoi faire le plein
42 Le Colle est en vue ...encore quelques lacets à franchir
43 A 7kms du sommet ... le compte à rebours à démarrer sur la piste en terre
44 Un aperçu sur les derniers lacets avant d'atteindre le col...
45 Dernier lacet avec le Fort qui domine le Col encore masqué...
Pas facile de rouler sur cette piste forestière en terre. Cà demande plus d'énergie et plus de vigilance pour essayer de choisir la bonne trajectoire, et de croiser les doigts pour ne pas crever, ce qui sera mon cas !!!
46 Vue plongeante sur l'enfilade de lacets et la vallée
47 Arrivé au Colle delle Finestre... Une pause pour souffler et admirer le paysage
*COLLE DELLE FINESTRO (Altitude 2178m.) : 7h53 / 127kms / D+ 3287m
=>Montée en 2h42 / 20kms / D+ 1678m ( % moyen 8,4 )
48 la poussière, la fatigue et la sueur !!!
49 La Vallée de Chisone avec une vue sur La route des crêtes de l'Assietta en balcons, mais non goudronnée
Comme son nom l’indique il se situe en Italie dans la région du Piémont au nord-ouest de l’Italie tout proche de la frontière savoyarde et culmine à 2176m d’altitude..
Il relie le val de Suse au départ de Susa (Suse) au val de Cluson à Fenestrelle.
Le col du Finestre a très vite fait partie des ascensions mythiques du Giro et a endossé une renommée internationale grâce à son versant au départ de Susa.
Jugez plutôt, ce versant est long de 19 km à 9,2% de moyenne sans aucun répit et avec les 8 derniers kilomètres sur une piste non goudronnée pleine de caillasse.
Il rivalise en difficulté avec beaucoup d’autres ascensions ayant des pourcentages bien plus raides mais sur des distances plus courtes. De plus par rapport à ces ascensions, le paysage du col du Finestre est vraiment grandiose sur le final.
Pour en revenir à l’histoire du cyclisme sur ces pentes, ça va être assez rapide. Le Giro l’a découvert en 2005. Et cette ascension à elle seule a suffit à le faire rentrer dans la légende. Un suspense énorme, une ascension endiablée avec du mouvement dans la montée et la descente et une impression de remonter le temps (à tel point que des images en noir et blanc de cette ascension ont été diffusées) ont fait de cette journée du Giro 2005 une journée remarquable.
La seule chose que l’on peut regretter c’est le nom des acteurs de cette étape : Savoldelli, Simoni, Rujano, Di Luca, une belle brochette pharmaceutique ! C’est d’ailleurs assez triste de voir que Di Luca qui y est passé en tête au sommet a droit à deux stèles au sommet lui rendant hommage pour cette étape. Où est la logique ? Pourquoi rendre hommage à des dopés ?? Pourquoi mettre Di Luca au même niveau que ce cher Octave Lapize premier vainqueur du col du Tourmalet dans le Tour de France et qui a eu bien plus de mérite que Di Luca.
Enfin bon, je en vais pas basculer sur le sujet du dopage car ça risque de durer longtemps.
Pour continuer et finir la suite de l’histoire du col du Finestre avec le Giro, il a été de nouveau emprunté en 2011 dans ce qui reste aujourd’hui le Giro le plus difficile de l’histoire (en terme d’ascensions difficiles). Et au milieu des autres monstres du parcours de ce Giro 2011, il arrivait à s’imposer.
https://velomontagne.fr/colle-delle-finestre-informations-et-profil/
50 La descente est heureusement goudronnée
51 Un sentier qui part du Col pour aller vers le fort et les sommets voisins
52 Une beau ruban goudronné...
53 ...vers le Pian dell'Alpe et le Colle à gauche dans l'ombre
54 ... avant d'atteindre Balboutet...
55 ...et enfin la route de Sestrière à Pourières où je fais une pause Coca et Casse croûte
56 Les tremplins des Jeux Olympiques de Turin 2006
57 Le village de Fraisses avec la Punta Rognosa
58 Vue de Sestrières vers les sommets frontaliers gris pluie
*SESTRIERES : 9h27 / 155kms / D+ 3917m
59 Longue descente sur Cesena Torineso et remontée vers le Col de Montgenèvre par l'ancienne route tranquille pour les vélos
60 Montgenèvre et le Janus sous la pluie
61 Avant une arrivée au sec à Briançon avec le Pont d'Asfeld
*retour à Briançon à 20h30 avec les lumières allumées dans la ville et sur mon vélo après ce beau circuit alpin franco-italien. Une bonne douche, resto cafét., recharger les batteries avant de remettre çà le lendemain pour un nouveau circuit découverte... qui fera l'objet d'un deuxième billet
*BRIANCON : (hors pause) 10h57'10'' + 2h36' pause = 13h33' / 188,9kms au compteur / D+ 4530m
Rivages … ou le naufrage d'hommes et de femmes devenus invisible à nos yeu
Par philkikou - 14-11-2017 06:51:31 - 4 commentaires
http://www.dorafilms.com/article-788-rivages
...Une pensée pour ces hommes et ces femmes que l'on ne prend pas le temps de voir, d'échanger avec eux, et qui se préparent à passer un hiver dans la rue...
Le soir tombe sur la ville qui disparait dans les ombres.
L'obscurité s'étale comme la peine, à l'infini.
Le froid bannit les rêves, transperce le blouson, la peau.
Les larmes sont de glace au coin des yeux.
Alors, on voudrait s'arrêter là, se recroqueviller, laisser la mort vous prendre.
Au matin, on se renie soi-même, avec la lumière resurgit l'espoir.
Monique MAITTE
2016 RIVAGES from dora films on Vimeo.
Que peut bien vouloir dire vivre à la rue ? Depuis tant de temps et par tous les temps ? Ils s’appellent Johnny, Monique, Jean-Luc. Ils comptent parmi les innombrables silhouettes anonymes qui hantent nos cités.
Et si on prenait le temps de nous arrêter auprès d’eux pour faire connaissance ? Histoire de reconnaître chacun dans sa singularité en allant au-delà des clichés qui collent à leur peau. Et qui nous empêchent de les voir tels qu’ils sont et deviennent, avec pour chacun ses rêves, ses blessures, ses amours, ses difficultés à traverser le plus ou moins sale temps donné à vivre. Partageant ainsi notre humanité commune.
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http://www.montmiandonfilms.org/?Rivages
Que reste-t-il lorsque tous les liens sont rompus, avec la famille, les amis, le travail et que l’on vit dans la rue (certains des personnages disent par choix, mais ce n’est pas si sûr) ? Que reste-t-il sinon l’humain ?
C’est bien ce que nous dit Simone Fluhr avec des personnages filmés à bonne distance, la parole respectée par le montage et le rythme du film qui nous laisse le temps d’entendre ce qui est dit, sans manipulation de sentiments ou artifice. (Et l’Ill - la rivière qui traverse Strasbourg - qui coule comme une métaphore du temps et de la vie).
La singularité de chaque témoignage peut ainsi s’exprimer pleinement et nous sommes saisis par la force, l’intelligence et l’inventivité dont les trois personnages font preuve, par leur humanité pleine et entière malgré des conditions qui les abiment physiquement.
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http://www.dna.fr/culture/2016/11/17/la-plus-grande-des-solitudes
Le documentaire s’ouvre sur une rue drapée des décorations de Noël, à Strasbourg. La nuit est tombée, il fait froid. Johnny embarque son barda pour aller dormir sous un pont, au bord de l’Ill.
Il se glisse méthodiquement dans deux sacs de couchage enfilés l’un dans l’autre, tire son bonnet sur la tête et les yeux, ajuste une couverture, rabat un premier capuchon, puis un second sur son visage qui s’efface. Referme le tout et se coupe du monde. Une chrysalide se forme sous nos yeux, comme si cet homme remontait le temps, voulait s’extraire du monde qui l’entoure.
Simone Fluhr pose cette question : que reste-t-il de notre humanité lorsque tous les liens sont rompus, avec la famille, le travail, les amis, le logement ? Lorsqu’un homme se retire ailleurs, dans une autre dimension, au ras des pavés, referme sur lui les lambeaux d’une vie douloureuse ?
Il reste tout ce qui fait l’homme. Simone Fluhr s’attache à le démontrer, sans pointer du doigt une quelconque responsabilité. Elle témoigne et fait témoigner, c’est tout. D’une manière attentive et patiente, où l’exigence de l’écoute commande le mouvement de la caméra (tenue par Aline Battaglia). Où les silences nombreux et les plans de coupe ne rompent pas le mouvement, mais soulignent le propos, comme ces doigts engourdis par le froid et une santé malmenée.
C’est la marque de fabrique d’une réalisatrice qui a pris le parti d’écouter là où l’on considère trop souvent qu’il n’y a plus rien à entendre, parmi les demandeurs d’asile en bout de procédure hier, parmi les SDF en bout de course sociale aujourd’hui.
Johnny est un bourlingueur né au Danemark. Matelot dans la marine marchande, il a distribué et encaissé des coups dans le monde entier. Il connaît la rue depuis 30 ans : « C’est mon choix, c’est ma liberté ». Il est fort, fragile aussi. Et digne !
Jean-Luc vit depuis 16 ans maintenant sous un pont, en périphérie du centre-ville. Il a pris la place d’un autre SDF, comme un bail précaire qui passe de locataire en locataire…
Plus personne ne le voit, les rares promeneurs l’ignorent ou forcent le pas.
Son père est mort tôt, sa mère ne l’a jamais aimé, dit-il. La drogue -l’héroïne- est passée par là, à 12 ans. Et la prison aussi. Le regard ailleurs, il raconte sa vie et son monde dans un décor de sous-verre collés aux parois du pont, de mantra bouddhiste et d’un mandala dont les couleurs se sont figées. Faut-il s’étonner qu’un Alsacien en rupture sociale prête tant d’importance à un « mandala », mot qui chez nous désigne un manteau ?
Troisième personne à témoigner : Monique. Elle fait le lien entre le monde de la rue et le nôtre ; elle a navigué de l’un à l’autre, connu la violence conjugale et celle de la rue, la solitude et bien d’autres choses encore, inscrites sur son visage.
Monique -qui vit aujourd’hui à Mulhouse- est revenue à la société, à grand-peine. Avec pour béquilles l’humour et la poésie. Dans le quartier de la gare, elle rédigeait des vers sur des post-it dérobés dans le bureau de l’assistante sociale et les collait sur le dos des passants, pour mendier. Elle a le sens de la formule : « dans la rue, tu perds ton palais… », entendez le goût des aliments.
Monique est une porte-parole. Elle revendique une place pour les morts de la rue dans la mémoire collective. Elle rompt la solitude sur les réseaux sociaux et à l’antenne d’une radio. Ses mots et ses poèmes viennent toquer à la porte de notre conscience.
Elle énonce ce que Simone Fluhr veut démontrer : « Personne n’est complètement séparé de la folie et de la rue. Nos deux mondes sont reliés ». Aujourd’hui par ce documentaire, d’une incontestable manière.
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Tout instant offre la possibilité d'une histoire à vivre
Qui s'éloigne en regret si on n'ose la saisir
Réaliser un de mes rêves, un vrai, ça me rend toute tremblante avec la marée montante dans les yeux
Est-ce que l'on arrête d'aimer, ceux que l'on a aimé ?
Où se réfugie l'amour trahi, bafoué ?
Tu as fait briller mes yeux quand autour tout était noir, tu m'as fait espérer, vivre, rire et pleurer. Et tu as décidé de tout briser un sourire aux lèvres avec cette froide brutalité qui me fait encore trembler d'effroi.
Et ma chute vers le sol semble sans fin. Je lève les yeux et m'aperçois que le ciel est toujours immense.
Au creux de la vie en lui, repli de la vie qui se recroqueville en lui, repli de lui qui devient sourd aux bruits de la ville, au chant des oiseaux, à la vie. Entre la vie et lui le rythme est convenu par le flux de sa pensée qui galope d’une idée à l’autre. Son dos tourné, raide devant l’écran, ses doigts sur le clavier, sa vie devient un phrasé ininterrompu. Repli fœtal, fatal à la vie. Les jours s’enfilent dans son confort, inconfort du rêve, la poésie s’effrite en cherchant les mots qui s’enfilent et s’effacent au moment de saisir le stylo. Sa pensée file en un retour éternel, dans un même mouvement qui étouffe toutes palpitations et assassine les rêves.
L’écriture est un ruissellement qui permet de garder les yeux secs
Je m’absente un instant, hors Je pour un temps.
Je reviendrai à moi un peu plus tard,
Lorsque, réconciliée avec l’étrangeté de ma personne
Je renouerai enfin avec l'avenir improbable
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Elle est là, assise sur une banquette au fond d’un café voisin de la place Kléber à Strasbourg. C’est une chance : on dit d’elle qu’elle est parfois insaisissable. Le patron lui sert un chocolat, sans même prendre la commande. C’est un de ses refuges, un endroit discret où elle vient se réchauffer quand il fait froid dehors.
Petite femme menue, peau diaphane, fragile au premier abord, elle cache souvent son visage derrière un rideau de cheveux châtains et guette. Elle guette quoi au juste ? « Rien de particulier, il faut être sur ses gardes. »
À l’autre bout de cette place emblématique, dans le « passage du Monoprix », un de ses amis, Roland, barbe broussailleuse et cheveux en bataille, réfugié sous une couverture où il cache ses trésors, a élu domicile. Un peu plus tôt dans l’après-midi, elle lui a claqué deux bises et rendu compte de ses échanges avec un fonctionnaire de la préfecture, ou de la Ville. « Il faut le sortir de la rue… »
Monique Maitte est un trait d’union, une porte-parole, peut-être aussi une « rescapée ». C’est le mot qui vient à l’esprit de Simone Fluhr, documentariste qui fut longtemps travailleuse sociale auprès des demandeurs d’asile et des mal lotis. « Elle a le comportement des gens qui se sentent coupables de ne plus être à la rue. »
Alors, elle nourrit son quotidien de va-et-vient et ne perd pas de vue ceux qu’on appelle les SDF. Et s’il lui arrive de fuir les bien-logés, elle n’a jamais fait défaut au tout petit peuple de la rue. Elle a été SDF. « Ces trois lettres maudites qui vous privent de tout respect, parfois même de celui des gens qui veulent vous aider. »
Monique a pris des coups. Encaissé des mots qui font mal. Dégringolé les étages, dormi dans un local à vélo. Elle a buté sur des portes dont les serrures ont été changées. Il lui est arrivé d’être abandonnée et de s’être, dans le même mouvement, abandonnée elle-même pour plonger dans la nuit noire de la rue et de la dépression. Elle a aujourd’hui 58 ans.
Difficile d’établir une biographie. La rue est une impasse administrative où tout se passe dans l’instant, où peu de choses sont consignées. Elle raconte qu’elle a grandi à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), dans le voisinage d’une maison d’arrêt où travaillait son père, un ancien militaire. Elle est partie à Paris poursuivre des études commencées à Toulouse ; elle a travaillé comme analyste financier et enseigné le français dans des collèges. Elle a fondé une famille. Et tout a basculé, dans la violence et les coups. Une nouvelle fois, elle rompt tous les liens. Direction Strasbourg, allez savoir pourquoi…
Tout s’arrange pour un temps, pour quelques années, avant une nouvelle descente aux enfers. Des coups, une hospitalisation. Des portes qui se ferment.
Le temps de s’extirper d’une séquence longue et difficile, qui la jette littéralement à la rue pour la première fois en 2005 ou 2006 - ses souvenirs sont confus -, la voilà qui reprend pied et revient à la vie !
C’est à Strasbourg qu’émerge la porte-parole du Collectif SDF Alsace. La poétesse de la rue écrit des textes courts qui cognent, publiés aussitôt sur un blog créé en 2007.
C’est le temps du squat Gruber. Elle y vit avec un chat et un ordinateur, dans un refuge aménagé dans un entrepôt frigorifique, fait de toiles translucides tendues depuis le plafond. Elle dort un temps au Château d’Eau, un lieu d’accueil d’urgence. Le jour, elle est au squat Gruber. Les douches ici, le repas là, à l’extérieur sur des barbecues, à l’intérieur sur des poêles improvisés.
Elle apprend la rue. Comment « tenir une position » et s’approprier un lieu. Comment se défendre ; un trousseau de clés peut servir de poing américain. Où se réchauffer ; à la bibliothèque de la rue Kuhn ou à la gare. Où se mettre à l’abri pour quelques heures du désordre d’une vie où domine l’insécurité ; ce sera à l’église Saint-Thomas, où elle échange parfois avec un pasteur et écoute une école de musique qui vient répéter son spectacle. Le parvis de l’église Saint-Maurice, à l’autre bout du centre-ville, dans le quartier où elle avait été une « bien-logée », est un lieu de manche, tout comme l’Orangerie.
Vient l’épisode des Enfants de Don Quichotte. Le mouvement des précaires et des sans-abri né à Paris débarque à Strasbourg, place de la République et quai Sturm. Les services de l’État et de la Ville ont besoin d’interlocuteurs. Monique Maitte sera l’un des porte-parole et créera le Collectif SDF Alsace. Petit à petit se dessine un retour vers une vie moins difficile, un logement, puis un autre, un travail à la maison d’arrêt de l’Elsau. Un nouvel équilibre.
« Elle s’est reconstruite, raconte Simone Fluhr, mais si elle n’habitait plus la rue, la rue continuait de l’habiter. »
Monique Maitte révèle ses talents de fédératrice, « avec une certaine rudesse parfois », et met à profit son expérience de précaire pour essayer d’orienter l’action des pouvoirs publics.
Roger Winterhalter, l’ancien maire de Lutterbach, fondateur de la Maison de la citoyenneté mondiale à Mulhouse, se souvient de l’action montée par le Collectif SDF Alsace avec l’ENSAS, l’école d’architecture de Strasbourg, à l’automne 2013. Des étudiants ont planché sur des projets d’abris temporaires, une sorte de chaînon manquant entre l’hébergement d’urgence et l’habitat social. Ils ont imaginé des cabines dépliables, des « œufs dorés » qui se rapprochent plus du mobilier urbain que d’une construction… « C’était avant les municipales. Les élus présents étaient séduits. Mais ça n’a rien donné. Ce soir-là, j’ai été interpellé par la manière dont elle avait participé à l’animation de cette réunion ! »
« Elle illustre bien une chose à laquelle je crois : une personne en très grande précarité peut être une citoyenne active. »
Monique Maitte est vive, intelligente ; elle sait s’exprimer en public et met son énergie au service de la cause des personnes sans domicile. L’action citoyenne la mobilise.
Avec Eric Schultz, adjoint au maire de Strasbourg, elle participe à l’institution d’un temps de souvenir dédié aux morts de la rue. C’est l’œuvre du collectif Grains de Sable. « La mort anonyme efface toute une vie. Agir contre cet oubli, c’est agir pour les vivants qui sont dans la rue. Monique parle de ces choses comme personne ; elle y met du sens, de l’humanité, de la beauté, de la rage. »
Depuis mars 2015, le Collectif SDF mène aussi une action « Hygiène et vestiaire ». L’idée est simple : distribuer du savon, du shampoing, des serviettes hygiéniques, des sous-vêtements, les premiers dimanches du mois à la gare de Strasbourg. La mise en œuvre est originale : « Les personnes qui sont à la rue font partie de l’action, aident à la monter. Du coup, on apprend à se connaître. Les clichés tombent d’un côté et de l’autre », souligne Anne Schneider, une « bien-logée » qui a suivi Monique Maitte dans ce projet.
Mais sa vraie béquille est ailleurs. Depuis son enfance, elle griffonne et écrit. Et depuis 2007, elle tient son blog, « Poésie sans domicile ». « La poésie est ma lame. Je l’aiguise chaque jour et l’utilise sans pitié », avertit Monique en janvier 2010. De jour en jour, elle raconte, se raconte. « J’ai toujours gribouillé, mais longtemps sans rien garder. Sans la poésie et sans Lola, ma chatte, je n’aurais pas survécu. »
Anne-Florence Dauchez, danseuse et chorégraphe mulhousienne, raconte leur rencontre : « C’était lors d’une journée familiale d’ATD Quart-Monde, à Colmar. Elle promenait une petite valise dans laquelle il y avait de quoi écrire. Je l’ai trouvée étonnante d’entrée. Elle a noté ses coordonnées sur une assiette en carton que j’ai glissée dans ma poche. »
Ensemble, elles monteront un spectacle, auquel sera associé Gérard Leser (qui traduira les poèmes en alsacien) et auquel seront convoqués Claude Vigée, Abd al Malik et Nathan Katz. « Travailler avec Monique est une sacrée aventure. Elle te laisse seule face à la force de ce qu’elle écrit et tu dois te débrouiller. »
En 2014, tout est remis en question. La loi Sauvadet doit mettre fin à la précarité de certains agents publics en CDD dans des emplois à besoin permanent… ; elle va coûter à Monique Maitte son poste d’assistante de formation à la maison d’arrêt de Strasbourg. De mois en mois, la rue se rapproche.
Retour dans un squat. Retour de la dépression, retour de l’envie de tout envoyer valser. « J’irai cracher sur vos hécatombes », se fâche Monique, un matin de février, sur son blog.
Au printemps 2016, une main tendue vient de Mulhouse. Et un logement. Et des projets. La Maison de la citoyenneté mondiale lui ouvre ses portes. « Nous sommes prêts à reconnaître ses compétences », assure Anne-Florence Dauchez, qui milite aussi à ATD Quart-Monde.
« Je marche/et j’aspire l’air, j’aspire le soleil, j’aspire/et ma peau s’imprègne, et ma tête plonge sous elle/j’écarte les bras/je les lève vers le ciel et le touche en ombre du bout des doigts ».
La voilà revenue. À la lumière du jour, à Mulhouse et à Strasbourg.