Par philkikou - 25-09-2016 23:46:56 - 2 commentaires
Une pièce de théâtre d'actualité en cette journée nationale d'hommage aux Harkis, et d'intérêt publique !!! elle devrait, si ce n'est pas déjà fait, être joué dans les lycées.
4 joueurs de pétanque en Provence tous avec des origines et des histoires familiales différentes mais avec un point commun : leurs parents ont vécu, survécu ou sont morts lors de cette guerre qui en avait pas le nom... Au fur et à mesure on s'aperçoit que chacun de ces joueurs de pétanque ont des cicatrices encore ouvertes et douloureuses et que ce sont tous des victimes et des perdants de cette guerre où il n'y a aucun vainqueur....
La grande histoire racontée par des histoires à l'échelle humaine lors de ces évènements inhumains.. très intéressant, bouleversant et instructif sur ce sujet encore tabou sur lequel le voile se lève à peine...
(pièce vue dans le cadre du TEMPS FORTS de l'APSOAR festival de spectacles de rue ce week-end à Annonay et des villages alentours
http://artscenicum.fr/les-pieds-tanques-35/
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4 personnages, joueurs de pétanque, seront en scène dans cette partie de boules de tous les dangers :
un Français provençal de « souche » – Loule ( debout à droite )
un Francilien fraîchement arrivé en Provence – M. Blanc ( debout à gauche )
un Français d’origine algérienne – Yaya ( assis à gauche )
un Français rapatrié d’Algérie – Zé ( assis à droite )
Quatre joueurs sont en scène dans cette partie de pétanque de tous les dangers : un rapatrié d’Algérie, un Français de l’immigration algérienne, un Provençal « de souche » et un Parisien fraîchement arrivé en Provence. Au fil du jeu, on apprendra peu à peu qu’ils ont tous une blessure secrète, un lien filial et intime avec la guerre d’Algérie. Ils s’opposeront, se ligueront, livreront leur vérité… ils auront cependant à cœur de finir cette partie, sur ce terrain qui les rassemble et les unit.
Une pièce où les mémoires s’entrechoquent dans laquelle la gravité des propos n’exclut pas l’humour. Une comédie dramatique sur l’identité et le vivre ensemble.
Jouée avec succès en plein air depuis 2012 sur des boulodromes, le spectacle est maintenant présenté en salle dans une nouvelle scénographie.
Texte et Mise en scène : Philippe Chuyen, Jeu : Sofiane Belmouden – Philippe Chuyen – Gérard Dubouche – Thierry Paul , Costumes : Corinne Ruiz, Décor : Christophe Brot, Régie : Nolven Badeau
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Voici plus d’un an que je pense à la guerre d’Algérie et à l’horizon du 50eme anniversaire de l’indépendance de ce pays. J’avais en effet en moi le désir et l’impérieuse nécessité de produire, pour 2012, un spectacle ayant pour décor cette période douloureuse de l’Histoire de France.
Passionné d’Histoire, je pense depuis longtemps que le théâtre peut, dans le domaine historique, se faire le médiateur efficace d’un travail de mémoire. Et ceci, je le précise, non pas pour le seul plaisir d’invoquer l’Histoire mais afin de servir le présent, sans désir de polémique ni mise en accusation ou construction d’un discours culpabilisateur.
Durant ces derniers mois, au plus je m’intéressais à ces évènements, au plus je comprenais qu’ils constituaient un moment crucial du basculement de la France dans l’époque moderne : la fin de l’Empire, de la décolonisation, de la grandeur vécue, la fin des chimères et tant de répercussions sur notre quotidien du 21eme siècle. Cependant, la mémoire collective française a manifestement tiré un trait sur cette guerre et l’amnésie (consciente ou inconsciente) quasi-collective qui a suivi la décolonisation, les rancœurs et les haines qui en sont issues sont, je pense, malheureusement toujours à l’œuvre dans la société française.
Il faut tenter par tous les moyens de comprendre et rompre cela, donner l’occasion aux gens de regarder leur passé en face, en pleine lumière, ça fait 50 ans qu’on traîne ces démons ! Jeter un regard artistique pouvant permettre une libération de la parole, agir par le théâtre comme d’autres le font par l’étude scientifique, le documentaire, le cinéma ou le roman, et faire ce nécessaire travail de re-visitation lucide du passé à la lumière de notre conscience d’aujourd’hui est, il me semble, un impératif de salut public.
Afin d’étayer au mieux cette note d’intention et les raisons de ma motivation, je précise qu’il y a environ 1 an, j’ai commencé l’adaptation, avec l’aval de son auteur, du roman de Jérôme Ferrari paru en 2010 aux éditions Actes Sud « Où j’ai laissé mon âme ». Ce roman évoque superbement les cas de conscience de militaires confrontés aux opérations du maintien de l’ordre et de la torture pendant la Bataille d’Alger en 1957. Après plusieurs mois de travail sur ce texte et une approbation de l’auteur sur la qualité de mon adaptation, le projet n’a pas pu aboutir pour des raisons indépendantes de ma volonté et trop longues à détailler ici. Le choc a été grand et l’obligation de remiser ce travail douloureux, mais ma détermination intacte quant à ce contenu « Algérien » pour mon nouveau projet théâtral. J’ai donc continué ma recherche afin de trouver une forme originale et pertinente pour parler de ce sujet brulant sur lequel j’avais jeté mon dévolu.
Le terme pétanque vient des mots de l’occitan provençal pè « pied » et tanca « pieu », donnant en français régional l’expression « jouer à pétanque » ou encore à «pés tanqués », c’est-à-dire avec les pieds joints et ancrés sur le sol, par opposition au jeu provençal où le joueur peut prendre de l’élan.
Je rappelle cette définition pour expliquer le détournement de l’expression que je souhaite opérer à l’occasion de cette création théâtrale qui aura donc pour titre « Les Pieds Tanqués » et pour sujet la guerre d’Algérie. Dans ce spectacle, je souhaite signifier par l’image du pied « tanqué » (au delà de la règle qui définit ce jeu) celle du pied enraciné; le jeu lui-même signifiera les rapports humains qui sont l’œuvre dans une population de déraciné ou d’enraciné; et le terrain lui, le territoire ou le pays dans lequel les protagonistes se retrouvent et s’enracinent. Un jeu donc pour évoquer les problématiques d’appartenance à un territoire, de déracinement et par opposition d’enracinement, d’identité. Une partie de boule avec ses bons mots, ses galéjades, mais aussi ses coups bas, pour évoquer les blessures de l’exil, de la culpabilité, des haines et des rancœurs, mais aussi des pardons.
Par Philippe Chuyen auteur et metteur en scène
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Voici plusieurs années que Philippe CHUYEN pense adapter au théâtre la dramaturgie du jeu de boules. Ce jeu, dont la règle impose d’être silencieux pour ne pas déconcentrer l’adversaire est paradoxalement un lieu de la parole. Dans ce lieu d’une parole hachée, d’une parole d’initié avec son vocabulaire propre, souvent au second degré quand on est dans le Sud, moqueuse ou plus directement sérieuse pour celui qui se prend au jeu (et il faut s’y prendre tout de même si l’on souhaite s’amuser), l’échange est quasi permanent : dans le geste, les silences qui en disent long, mais surtout dans le verbe.
Yvan Audouard grand conteur du Sud a dit du jeu de boules qu’il était à la Provence ce que le théâtre de Delphes était la Grèce antique, un lieu de Tragédie. Il terminait cependant en disant qu’à la fin d’une partie tout le monde meurt … de rire. Au théâtre, on se relève aussi après la mort et on en rit. Car c’est aussi cela la fonction du théâtre, rire de la mort parce que ça nous tient en vie.
En regardant une partie de pétanque sur n’importe quel terrain de France on peut constater que l’engagement et le sérieux sont de mise : il faut gagner la partie, et dans cet objectif, la vérité du jeu est ce qui compte le plus au monde. De plus, ce qui s’y passe est naturellement mis en scène : il y a, en effet, toujours un ou plusieurs spectateurs, badauds simplement intéressés par le jeu ou plus secrètement par la relation entre les différents protagonistes. Ainsi, le corps et le geste est en action, le joueur se dévoile et affirme son caractère, d’où une certaine fierté à se montrer. Ces caractéristiques, nous pourrions les comparer facilement à la représentation théâtrale et les joueurs à des comédiens avec leur technique et leur talent.
Un joueur de boules peut quant à lui avoir de l’élégance, de la retenue et beaucoup de savoir vivre et tout comme l’acteur, il s’appuie sur la présence du public, il s’en nourrit. Entre jeu de boules et théâtre la frontière est manifestement ténue.
Le but du projet n’est pas de reproduire en faux ce qu’une vraie partie fait très bien, mais d’endosser la dramaturgie de la pétanque à des fins de théâtre, pour avant tout raconter une histoire et exprimer des idées, des sentiments : le théâtre a, bien entendu, une visée que le jeu de boules n’a pas. Certains penseront que cela est démagogique, veut caresser le populaire, donner dans le racoleur. En effet, on pourra le penser, et toute la difficulté de ce projet sera justement de dépasser les apparences. D’autres, au contraire, y accourront pour assister à une bonne « pagnolade ».
En tout état de cause, l’objectif sera de réconcilier ces deux publics : inviter le spectateur à un moment de détente qu’il connaît bien, tout en le plongeant peu à peu dans quelque chose de suffisamment fort et intense sur le plan des rapports humains et des propos ; Et qu’il ait, en définitive, le sentiment d’avoir vécu un moment d’émotionet de joie : un moment de théâtre.
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Philippe Chuyen – Comédien, Auteur, Metteur en scène ( A DROITE )
Il se passionne pour l’Art Dramatique depuis sa rencontre en 1989 avec Laure Fouilloux. Cette dame fut élève de Louis Jouvet et animait depuis 1965 l’atelier de la Licorne à Toulon. Il complète sa formation avec Jack Garfein à Paris autour des techniques de l’Actor’s Studio. La danse contemporaine, la voix au théâtre sont, dans le même temps, des disciplines qu’il pratique, notamment avec le Roy Hart Théâtre ou encore le danseur Dominique Dupuy et la danseuse Christiane Vergne. En 1995, Il obtient à Avignon le prix du coup de pouce au Off, pour son interprétation de « Comme la Pierre », un texte contemporain de Romain Weingarten qu’il joue à Paris et en province. En 1998, Il fonde dans le Var la Cie Artscénicum et à partir de 2001 crée ses propres spectacles. Les 6 créations qu’il écrit, adapte ou mets en scène ont quasiment les mêmes dénominateurs communs : Histoire et Littérature du Sud. Recherche d’identité, de racines, exploration des sources profondes pour trouver de la matière au théâtre, sa terre est une porte d’entrée pour la scène.
Sofiane Belmouden – Comédien ( A GAUCHE )
Il débute au théâtre en 1991 à Marseille dans la Cie « Bas Les Masques » où il joue plusieurs spectacles à partir d’improvisations théâtrales (Clap, Embrouille). Passionné de mise en scène, il monte pour d’autres Cies des textes de répertoire (Shakespeare, Woody Allen, Cervantès…). Mais c’est à partir de 1997 qu’il travaille pour le cinéma et la télévision sous la direction de réalisateurs tels que Philippe Carrèse, Christophe Reichert, Ramid Issaad, Brigitte Rouan et se distingue par un jeu vif et sincère. En 2004, La série «Plus Belle la Vie» lui propose le rôle récurrent de l’avocat Malik Nassri qu’il décide lui même de quitter en 2008. Cette expérience l’amène à ouvrir les yeux sur ses vrais désirs d’artiste, lui permettant de passer enfin à la réalisation de son premier film, “ Moussa ”, court métrage sélectionné en 2010 dans les festivals d’Aubagne et Rousset. Aujourd’hui, en collaboration avec le comédien et humoriste Gérard Dubouche, il travaille à l’écriture d’un long métrage.
Gérard Dubouche – Comédien ( MILIEU GAUCHE )
C’est à Aix en 1984 qu’il effectue ses premiers pas sur scène, mais c’est à sa sortie du Cours Florent qu’il décroche son premier rôle professionnel dans «Regain», aux côtés de Claude Brosset. A partir de là, il enchaine rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma. Il est notamment un des « Collègues » du film de Philippe Dajoux aux côtés de Patrick Bosso; un routier dépressif dans « La Grande Vie » avec Michel Boujenah, film dont il est le co-scénariste; le plombier Batavia, bête et raciste, dans « Travail d’Arabe » de Christian Philibert. Doté d’un comique hors norme et ravageur, mêlant cynisme et grotesque servi par un physique qui détonne, il créé avec Didier Landucci en 2002 à Marseille, « Bienvenue au Club », son premier one man Show en guise de thérapie post divorce ; et en 2004, remplace au pied levé Jean-Marc Michelangeli dans « les Bonimenteurs » au théâtre de Dix heures à Paris. En 2010, de nouveau seul en scène il créé «Vive les Cons» coécrit avec Christian Philibert.
Thierry Paul – Comédien ( MILIEU DROIT)
Il débute au theatre à la fin des années 80 à Toulon avec L. Ziveri (Cie UppercuThéâtre) puis avec Raphaël DJAÏN en 1992 dans la Cie Théâtre Automne de Nîmes dans « Esquisse déraisonnable » d’après P. Handke et « la Maison des Artistes ». Il travaille ensuite avec Y. Borrini (Cie Le bruit des hommes) essentiellement sur les écritures contemporaines. En 1996, Il rencontre Philippe Minyana avec qui il travaillera à Bordeaux (Drames brefs 2) puis Noëlle Renaude et Frédéric Maragnani (Cie Travaux publics) pour l’intégrale de « Ma Solange». A Toulouse, il travaille avec J.J. Mateu (Petit bois Cie) . De retour à Toulon, il collabore sur plusieurs spectacles d’Artscénicum avec Philippe Chuyen (1851, La Banquet des Insurgés, La Mandragore, 1907 Batailles dans le Midi) puis André Neyton et le Centre Dramatique Occitan et de nouveau L. Ziveri . Pour le cinéma et la télévision tourne sous la direction de P. de Brocca, L. Jaoui, P. Boutron, P. Venault, E. Rochant, C. Baraud et P. Lary.
http://artscenicum.fr/les-pieds-tanques-35/les-pieds-tanques-2/